Au sud de l’Attique et sa capitale Athènes, Kythnos est une véritable porte d’entrée vers les Cyclades. On y retrouve des vestiges d’occupation dès 8000 ans av. J.C., et des traces d’activité sont attestées à l’âge de bronze au IIIe millénaire av. J.C. Ses habitants appellent l’île de Kythnos « le diamant des Cyclades » : près de la capitale Mérichas, la baie de Kolonna et sa barre de sable brillent par temps calme, mais ne représentent pas à elles seules cette île. De basse altitude, le relief ne présente pas de parois taillées telles la pierre précieuse. Peut-être faut-il chercher du côté de ses abords marins, lorsque le meltem se lève. Les vagues deviennent alors dures et le cap Agios Ioannis à l’est devient difficile à passer dans une mer creusée par le vent. Nikos le pêcheur m’a raconté comment le Cavo d’Oro, fleuve sous-marin, prend naissance dans la compression formée entre les îles de Tinos et d’Eubée, et se renforce entre Kéa et Kythnos dans son lit à 250m de profondeur alors que ses rives sous-marines remontent à 70m près des côtes. Il coule du nord-nord-est au sud-sud-ouest et accentue ainsi l’effet du célèbre vent étésien. Alors, quand ces éléments se conjuguent, les habitants et les visiteurs de passage sont heureux de se réfugier au cœur de ce véritable cocon qu’est le petit port de Loutra.
Ce billet du skipper commence par un clin d’œil à Véronique Sanson. Le rapport avec Kythnos et Loutra ? Force, harmonie, générosité, à vous de choisir…
Malgré sa petite taille, Loutra est un des ports les plus sûrs de la mer Egée. Niché au nord-est de l’île, il est abrité des vents du nord l’été et du sud l’hiver, et dispose des facilités essentielles, eau, électricité, tavernes ! Lorsque le vent souffle fort à l’extérieur, il peut être nécessaire de doubler les amarres, sans qu’il y ait un danger pour les bateaux. Et lorsqu’on arrive du nord, du sud ou de l’est, on apprécie de se retrouver à l’abri. Amis marins, faites tout de même attention aux récifs au nord-est de l’approche de l’entrée. Trois mètres d’eau à l’intérieur, une manœuvre en marche arrière un peu délicate pour ceux qui ne sont pas habitués, et vous serez accueillis et guidés par Nikos ou sa fille Héléni. Une fois la chaine reprise, les amarres bordées, il est temps de faire un saut à terre et de profiter de l’hospitalité des habitants. Le village est bordé de tavernes et de plages. Lorsque le vent souffle, la petite plage de Schinari à 200 mètres au nord avec ses tamaris est bien abritée et la baignade y est agréable. Par temps calme, on profitera de la plage principale devant l’entrée du port, au pied de l’une des curiosités de Loutra, son château, sorte de demeure gothique de la belle au bois dormant, anachronique ! Et au bout de la plage, nous attend une des plus douces surprises de Loutra, un jacuzzi naturel où se déverse une source d’eau chaude (plus de 40°) qui se mélange à l’eau de mer, un chaud et tiède délicieux. Ce sont ces eaux qui ont donné leur nom à Loutra (littéralement « les eaux chaudes »), et Othon 1er, roi de Grèce encouragea la construction de thermes pour exploiter les propriétés curatives de la source au XIXe siècle.
Après la baignade, allons nous restaurer, et à Loutra, nous avons le choix. Plusieurs tavernes traditionnelles nous accueillent où la qualité le dispute à la convivialité. En bord de plage ou du petit port, c’est dans un cadre agréable que l’on goûtera le fromage de Kythnos, le chevreau à la sauce tomate, le calamar farci, ou encore la féta au miel, accompagnés d’ouzo ou de vin local. Et en fin de repas, laissez-vous tenter par le rakomelo, une boisson tiède à base de raki au miel, spécialité de Crète, mais aussi de Kythnos. Farniente, bonne chair, Kythnos offre aussi aux amateurs de marche à pied et de culture, des promenades en pleine nature et des sites archéologiques à découvrir.
C’est au XIIIe siècle av. J.C. qu’une peuplade en provenance d’Eubée, les Dryopes, s’installa sur l’île. Elle fonda sans doute le village de Dryopida, et leur premier roi s’appelait Kythnos, voila pour l’explication des noms. Dans l’ancien temps, elle s’est également appelée Ofioussa (du fait de la présence de serpents, Ofis en grec) puis Thermia (les eaux chaudes). L’île est riche en minerais, fer et cuivre en particulier. Plusieurs centres d’activité ont été mis au jour grâce à des recherches archéologiques toujours en cours. De Loutra, on peut faire une jolie balade de deux heures environ vers le Paléokastro, aussi appelé château d’Orias, ancienne capitale au nord de l’île dont on dit qu’elle abritait cent églises. Un sanctuaire dédié à Déméter a été mis au jour près de l’acropole. Sur la côte ouest, près de la capitale Merichas, des fouilles archéologiques sous-marines sont en cours pour mettre au jour le site de Vryokastro, qui fut également un centre important de l’île. Vous pourrez également admirer les fameux murs de Kythnos, appelés xerolithia, ce qui signifie « pierre sèche », qui sont de véritables œuvres d’art.
Ces atouts font de Kythnos un point de départ idéal pour visiter les Cyclades. La proximité des îles de Sérifos, Sifnos, Syros, Délos ou Paros, promet une croisière riche en découvertes, et sans familiarité aucune, on peut dire Loutra, on t’attend là-bas…